Jacques Mercier (29 octobre 1888-16 mai 1915)

Conscience, honneur, travail, loyauté, tels étaient les traits qui
caractérisaient particulièrement notre jeune camarade Jacques
Mercier, encore élève de l'École au moment où la mobilisation
fut décrétée dans toute la France. Ancien élève des lycées de
Niort et Louis-le-Grand à Paris, licencié ès lettres, il montrait
une égale passion pour les belles-lettres et pour l'archéologie.
Fils du bâtonnier de l'ordre des avocats de Niort, poète à ses
heures, il maniait déjà la plume avec facilité ; il l'a prouvé
lorsque, réduit à l'inaction à la suite d'une blessure reçue à la
première bataille de la Marne, il mit au net son journal de marche
pendant les six premières semaines de la campagne (1). Son
ambition a été de raconter les exploits « sublimes' » de ses com-
patriotes et frères de tranchées, de noter les traits d'héroïsme,
de jeter des cris d'espérance pour les uns, de consolation pour
les autres, et d'horreur pour les crimes de l'ennemi. Ce «journal »
est d'une lecture instructive et attrayante à la fois.
Après des séjours en Lorraine et en Champagne, son régiment
alla prendre part à des opérations difficiles au nord d'Arras, et
c'est là qu'il a trouvé une mort glorieuse le 16 mai 1915 (2),
au moment où, après avoir participé à la prise d'une première
ligne de tranchées allemandes, il entraînait sa section à l'assaut
d'une seconde ligne. Le terrain conquis ayant été reperdu presque
aussitôt, le jeune Mercier, dont le corps n'a pu être retrouvé,
fut porté comme disparu.