Jules Pandin de Lussaudière (29 juin 1880-11 juin 1915)
D'une vieille famille réformée du Poitou, Pandin de Lussau-
dière, ancien élève du lycée de La Rochelle et du lycée Louis-le-
Grand, à Paris, après de bonnes études de droit poursuivies
parallèlement à celles qu'il fit à l'École des Chartes, revint avec
joie tout près de son pays natal comme archiviste de la Cha-
rente-Inférieure ; il s'était organisé à La Rochelle une vie de
travail fécond, un foyer heureux et grave, ne gardant pour ses
recherches personnelles sur sa province et sur sa religion que
les rares loisirs autorisés par une conscience professionnelle des
plus exigeantes. Les quelques études qu'il a publiées dans les re-
vues locales ne peuvent donner l'idée de son activité et de sa
valeur d'érudit ; sa thèse, consacrée à Charles de Coucis, lieu-
tenant en Guyenne au xvie siècle, n'a pas été imprimée ; un
article posthume sur un épisode de la persécution religieuse en
Saintonge a paru dans le Bulletin de la Société de l'histoire du
protestantisme français (1).
Modeste, aimant à s'isoler, Pandin de Lussaudière avait su
cependant forcer la sympathie de ses chefs et de ses camarades ;
il était malaisé de pouvoir apprécier ses qualités, tant était
grande la timidité de son âme délicate et noble. Mais son ami-
tié était sûre et solide, témoin celle qui l'unissait à son camarade
de promotion, notre confrère Gabriel Henriot, capitaine au
même régiment, qu'il se félicita de retrouver dans un des villages
ruinés de la Woëvre, sous les plis du même drapeau. Les luttes
tenaces et coûteuses de la région n'ont épargné que l'un d'eux :'
le caporal fut blessé mortellement dans le véritable enfer qu'était
le Bois-le-Prêtre, le 28 mai 1915, et transporté à l'ambulance
de Dieulouard, où il succomba quinze jours après (1).