Robert Galichet ou Galli (27 décembre 1892-27 juillet 1915)

Ce jeune homme était arrivé à l'École des Chartes plein de
promesses, étant déjà licencié ès lettres et élève de l'Ecole des
Hautes-Etudes. Il n'a pas eu le temps de s'asseoir sur ses bancs, car
il appartenait déjà au 130e régiment d'infanterie et n'avait que
difficilement résisté aux premières fatigues de la guerre lorsqu'il
fut reçu au concours d'octobre 1914. Il ne nous a donc appar-
tenu que pour nous apporter l'honneur d'une fin aussi simple
qu'héroïque, en terre d'Alsace, au Lingekopf, où tant d'autres
Français sont morts pour une noble cause.
Il était le fils de M. Henri Galichet, dit Galli, ancien prési-
dent du conseil municipal de Paris, député de la Seine, dont on
connaît l'ardent patriotisme. C'est assez dire quelles idées
avaient dominé son éducation, et l'on ne s'étonnait pas de
le voir, encore élève au lycée Carnot, tout timide qu'il fût,
vivre dans l'intimité de Déroulède et prendre part aux mani-
festations qui se poursuivaient devant la statue de Strasbourg.
C'est à l'Alsace qu'il songeait pour le sujet de sa future thèse ;
c'est à l'Alsace qu'il voulut consacrer le meilleur de lui-même
lorsque, après avoir lutté à maintes reprises contre le veto des
médecins appelés à prononcer sur son cas, il obtint, à force de
pressantes instances, de reprendre sa place au front. Il y re-
joignit une des divisions alpines et fut affecté à l'ambulance de
Plainfaing, à la veille d'opérations dessinées vers Metzeral et
Colmar.
Il obtint de faire partie du détachement de brancardiers en-
voyés en première ligne à Wettstein et se trouva bientôt en
pleine bataille. Ses lettres quotidiennes disaient assez son en-
thousiasme et son mépris du danger. Et c'est pour sauver des
blessés, sous un bombardement effroyable, et bien qu'il ne fût
pas de service, qu'il tomba pour ne plus se relever.