Robert Gérard-Detraux (9 mars 1895-12 septembre 1917)

Après avoir fait toutes ses études au lycée Louis-le-Grand,
Robert Gérard-Detraux n'eut pas de peine à trouver le chemin
de l'École en novembre 1914 ; après avoir passé devant l'im-
meuble plusieurs fois par jour pendant toute sa jeunesse, il en
franchit victorieusement la porte alors que la guerre était de-
puis longtemps déjà déchaînée. C'était son plus cher désir.
Quand vint son tour de défendre la France, il le fit simplement,
modestement, comme il avait vécu jusqu'alors ; il montra dans
le rang les mêmes qualités morales qui s'étaient manifestées
chez lui dès ses plus tendres années. Au 93e régiment d'infan-
terie, il attend avec enthousiasme le moment de partir au front
(lettre du 8 mars 1915) ; versé au 36e, il est blessé à Neuville-
Saint-Vaast (26 septembre 1915), fait un stage à Joinville et
revient aux tranchées : « Ce n'est pas, écrit-il, sans une cer-
taine satisfaction que je viens reprendre place dans mon
bataillon et faire ma petite tâche dans la grande œuvre des
camarades. » Devenu sergent, il songe à créer pour ses hom-
mes une bibliothèque roulante, et, encouragé par ses chefs,
il réussit à l'organiser. Camarade dévoué et infatigable, il cher-
che des distractions pour ses hommes et se complaît, grâce à un
réel talent de diction, à leur faire connaître et apprécier les
chefs-d'œuvre de la littérature française.
Esclave du devoir, il fut atteint par une torpille à ailettes,
dans la nuit du 11 au 12 septembre 1917, entre Ailles et Cerny
(Chemin des Dames), au moment où il se précipitait au secours
de son lieutenant. Criblé de blessures, épuisé et transporté à
l'ambulance de Courville (Marne), il ne put survivre à l'opéra-
tion du débridement des plaies, malgré les soins les plus empres-
sés. Cité et décoré de la médaille militaire avant de rendre le
dernier soupir, il montra à ceux qui l'entouraient un courage
stoïque, admiré de tous.