Raymond Houdayer (20 juin 1883-3 avril 1915)

Attaché comme mitrailleur télémétreur au 368e régiment
d'infanterie, Raymond Houdayer rendait d'intelligents ser-
vices aux troupes d'Argonne ; mais, tandis qu'il réparait sa mi-
trailleuse en un point très exposé du secteur où il combattait,
il fut mortellement blessé au bois de Mortmare et expira peu
après à l'ambulance d'Ansauville, où on l'avait transporté.
Depuis plusieurs mois et sans discontinuer, sa vie était en péril ;
il ne se faisait d'ailleurs aucune illusion sur les difficultés de sa
tâche quotidienne et sur les dangers qu'il affrontait ; mais,
soldat avant tout et conscient du devoir à accomplir, il avait
fait le sacrifice de sa vie. Dans sa modeste sphère, il a jusqu'au
bout exécuté la consigne qu'il avait reçue dans la lutte glorieuse
à laquelle il participait.
De la même promotion que Robert de Fréville, Houdayer,
licencié ès lettres et élève de l'École des Hautes Études, avait
soutenu une thèse consacrée aux paysans de Cluny et à la classe
agricole en Bourgogne du x au xm siècle. Il aimait l'École
et aidait à son recrutement en stimulant les jeunes gens qui se
destinaient à la carrière, en leur inculquant, avant même leur
entrée dans la maison, le goût de nos études. Expert en écritures
près le tribunal de la Seine, il avait déjà acquis en cette déli-
cate matière une compétence indiscutable. Attaché au mi-
nistère de l'agriculture en qualité de collaborateur de l'office
des renseignements agricoles, il avait constitué dans ses bu-
reaux un élément indispensable à toute organisation adminis-
trative, à savoir des archives, qui, pour très modernes encore
qu'elles fussent, étaient déjà des archives, et dont il avait
conçu et rédigé, peu de temps avant la guerre, un plan de clas-
sement extraordinairement développé, appliquant là les méthodes
que l'École lui avait inculquées. Il ne lui a pas été donné, hé-
las ! de percevoir le résultat de ses efforts.