Jean Perrenet (19 avril 1892-20 mars 1916)
Arrière-petit-fils d'une sœur de Dom Calmet, parent de Pierre
Gautier, Jean Perrenet appartenait à une vieille famille bour-
guignonne de gens de robe et naquit à Dijon ; son enfance
s'écoula dans une demeure bâtie sur l'emplacement de celle des
Frémyot, où sainte Jeanne-Françoise de Chantai avait vu le
jour. Élève du lycée de Dijon, puis du lycée Henri IV à Paris,
il obtint le diplôme de licencié ès lettres en même temps qu'il
poursuivait simultanément des études assez identiques à l'École
des Chartes et à l'École des Hautes Études. On sentait en lui
une vocation passionnée pour les études historiques ; ses dé-
buts étaient prometteurs. Il se proposait d'écrire une thèse,
déjà longuement préparée, sur l'histoire monétaire des ducs de
Bourgogne, et de renouveler un sujet déjà partiellement traité
en établissant un rapport plus étroit qu'on ne l'avait fait jus-
qu'à ce jour entre les documents écrits el les monnaies (1).
Une mission à Florence et à Rome lui avait permis d'y rencon-
trer des documents nouveaux sur l'histoire de la Bourgogne.
On reconnaît volontiers à ces premiers travaux de grandes qua-
lités, qui se fussent développées encore davantage avec la
maturité de son esprit : large curiosité, vivacité d'intelligence,
facilité d'observation.
Incorporé au 115e régiment d'infanterie dès le mois d'août
1914 (il achevait sa troisième année d'études), il fut ensuite
nommé aspirant au 124e, puis sous-lieutenant au 150e régiment
delà même arme.Blessé à Bagatelle, en Argonne,lelermai 1915,
il fut cité à l'ordre du corps d'armée ; frappé une seconde fois,
au Mort-Homme, d'une balle au front, tandis qu'il faisait éta-
blir un retranchement en face de l'ennemi et opérait une recon-
naissance en pleine nuit, il expira le lendemain à l'ambulance
de Brocourt. Sa conduite, son courage, son sang-froid lui valu-
rent une seconde citation à l'ordre de l'armée. Sous la vareuse
du soldat, il avait été ce qu'il était antérieurement dans la tenue
civile : gai, sympathique, ardent ; son regard franc et son visage
souriant lui avaient conquis les suffrages de tous, supérieurs
et inférieurs, qui ne lui ménageaient ni estime ni affection.