Jean Pelletier (31 octobre 1894-28 février 1915)
Entré à l'École des Chartes en même temps que ses malheu-
reux camarades Ferrand et Le Gueut (1913), mais plus jeune
qu'eux, Jean Pelletier était originaire d'Orléans et fils d'un
agent de changé de cette ville. Élève de l'institution Sainte-
Croix d'Orléans, puis du collège Stanislas, il ne manquait ni
de qualités morales ni d'ardeur au travail ; son sens artistique
était particulièrement développé ; son esprit curieux prit goût
de bonne heure à l'étude de l'histoire ; il partageait son temps
entre les cours de l'École et ceux de l'École des sciences poli-
tiques, avec la ferme intention de se présenter aussi à la licence
d'histoire.
Au feu, Pelletier s'est vaillamment comporté ; il avait d'ail-
leurs un sentiment élevé du rôle qui lui fut dévolu lorsqu'on
le nomma, peu de semaines après son arrivée au régiment,
aspirant au 89e régiment d'infanterie. « La patrie, écrivait-il,
c'est comme la famille, on ne doit pas pouvoir supporter de la
voir diminuée. » C'est à l'un des combats de Vauquois qu'il
fut blessé à la jambe, le 27 février ; au lieu de gagner le prochain
poste d'ambulance, il ne voulut point consentir à abandonner sa
section, où semblait se produire quelque flottement, et, son revol-
ver à la main, il s'élança à l'assaut du plateau en criant : En
avant ! lorsqu'il tomba mortellement frappé d'une balle à la tête.
Cette mort glorieuse a noblement terminé une existence trop
brève qu'à peine il avait eu le temps d'entrevoir, et où un pro-
gramme librement consenti commençait de s'élaborer.