François Baudry (15 juin 1890-25 décembre 1914)
Élève à la fois de l'École des Chartes (où il entra en tête d'une liste où Vallet était 2e et de Beausse 4e) et de l'École des Hautes Études, François Baudry portait un nom célèbre ; neveu du peintre Paul Baudry, fils d'un architecte de talent, vendéen d'origine, il naquit à Versailles ; mais, n'oubliant pas la province de ses pères, il choisit pour sujet de thèse la Révocation de l'êdit de Nantes et le protestantisme en Bas-Poitou au XVIIIe siècle; ce travail obtint un prix à la soutenance, qui fut brillante, en 1913 ; il y insistait particulièrement sur les conséquences économiques de l'émigration des Vendéens pendant cette période.
La guerre survenant, François Baudry était caporal au 152e de ligne à Gérardmer. « La mobilisation dans ce pays est chose splendide, écrivait-il, je la souhaitais, cette guerre, non pour moi, qui suis le plus pacifique des hommes, mais pour mon pays. » Sa joie fut intense lorsque, avec ses soldats, il pénétra en Alsace. Il ne se dissimulait pas les périls auxquels chaque jour le voyait exposé : « Si je tombe, ce sera en bon catholique, en bon Français, en bon Vendéen. » Un mois de combats sur la terre reconquise, trois mois aux tranchées de première ligne devant Saint-Dié donnaient déjà des preuves de sa belle endurance.
Il aspirait à mieux faire. Lorsque, le 17 décembre, son régiment, déjà brillamment porté à l'ordre, rentrait en Alsace, sa compagnie fut désignée pour attaquer le village de Steinbach ; c'est en entraînant ses hommes avec fierté qu'il tomba pour ne plus se relever, frappé d'une balle au cœur. « C'était un brave de la belle race, écrivit son lieutenant ; il est mort sans un mot, sans une plainte ; il avait cette bravoure calme qui est la plus difficile et qui résulte de la haute conception du devoir. »
Il aura fait partie de cette phalange de glorieux combattants que l'Alsace reconquise a salués comme des libérateurs, sans avoir vécu assez longtemps pour assister au triomphe de nos armes. Si la destinée n'eût pas enlevé sitôt François Baudry, en même temps qu'à l'affection des siens, aux recherches historiques où il se complaisait, on pouvait fonder de brillants espoirs sur ce jeune homme que l'École des Chartes aime à revendiquer pour un de ses meilleurs disciples. D'un naturel affable et sympathique, d'une allure franche et sérieuse, il promettait de réussir dans la vie qui s'ouvrait devant lui. Il n'a pu corriger les épreuves d'un article sur le protestantisme en Bas-Poitou à la fin du xviue siècle, paru dans le Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français quelques mois après son décès.